Non, je ne vais pas raconter ma vie : trop banale ! Plutôt…
Mes rencontres avec la musique.
En 1939, j’ai 6 ans, un cirque a déployé son chapiteau à Lesneven sur le Champ de bataille. Une grande et belle dame en longue robe noire, le bras gauche lové autour du mât central, chante « L’amant de Saint-Jean ». Je n’ai jamais pu depuis ce jour entendre cette chanson sans revivre cette scène. Mes jeunes yeux et mes jeunes oreilles sont marqués pour la vie.
De 1941 à 1944 . Occupation allemande. Très souvent, le dimanche, une musique militaire, installée au pied de la statue du Général Le Flô, donne l’aubade aux lesneviens à la sortie de la grand’ messe. Je m’attarde à les écouter avec ravissement : je découvre les musiciens et leurs instruments.
En 1945, pensionnaire dans un établissement religieux, je demande à apprendre la musique et à intégrer la chorale d’enfants. Harmonium, « Méthode rose » et débrouille-toi ! Juste quelques encouragements. J’y consacre beaucoup de temps de récréation. Au début, je progresse vite. Mais sans enseignement véritable, je patine. Je continuerai quand même à travailler seul pendant une dizaine d’années : piano et orgue, accompagnement des offices religieux. Beaucoup de chant bien sûr ; mes connaissances en solfège me permettent déjà d’entraîner mes camarades.
Pendant cette même période, lors de l’exécution de certains travaux manuels ou à certains temps libres, nous nous ouvrons à la musique classique en écoutant des enregistrements : Bach - Haendel – Mozart – Strauss, etc. Heureux moments !
En 1953 - 54, au cours de mon année de philo, mes condisciples me demandent de former une chorale : ce sera mon premier chœur d’hommes. Répertoire religieux et profane (dont le Venerabilis barba de Mozart). Bien sûr à usage interne : cérémonies religieuses, festivités maison. Seule manifestation publique : une messe radiodiffusée enregistrée en studio à Lyon.
Entre 1972 et 1977, en garnison à Baden-Baden, en Allemagne, je chante dans deux chorales : une chorale franco-allemande du mouvement « A cœur joie » et une chorale allemande, la « Sängerbund Aurelia-Hohenbaden » avec quelques autres rares français. Une seule œuvre par an : un oratorio ou une messe, donnée une seule fois dans la salle de concert du Casino de Baden-Baden, avec orchestre et solistes professionnels. J’y ai vécu les moments les plus exaltants de ma « carrière » de choriste avec, notamment, les oratorios : « Die Schöpfung » ( La Création) de Haydn et « Elias » de Mendelssohn.
En 1990, de retour à Lesneven, je me laisse entraîner à la chorale par Robert Salaün. Mes camarades ténors qui ont vite fait de découvrir mes quelques compétences en musique et mon « culot », me demandent de les aider à déchiffrer les partitions. Au bout de quelques années, je finis par m’occuper de toutes les voix.
La musique que j’aime :
Il est très difficile d’indiquer ses préférences en musique ; on trahit toujours quelqu’un ! C’est un domaine tellement vaste qui nous ouvre l’esprit et les sens sur tant de beautés ! Quelques unes parmi mes préférées :
-les symphonies de Beethoven, de Schubert et de Mozart.
-le concerto pour violon de Beethoven
-les Passions de Bach et sa Messe en Si mineur
-le Requiem de Fauré
- les opéras de Verdi (à travers lequel j’ai commencé à apprécier l’opéra, à 40 ans) -Wagner : Le Vaisseau fantôme ( On n’aime bien que ce qu’on connaît bien)
Le Chœur d’hommes
Un jour, les hommes m’ont fait part de leur souhait d’apprendre des chants pour agrémenter les « après-concert ». Ce furent des chants de marins et autres « Kyrie des moines. Puis on s’est pris au sérieux avec un choral gallois : « Kimiad ». Le jour où Guy l’a fait inscrire au programme d’un concert, le « Chœur d’hommes de la Chorale de la Côte des légendes » était né. Il a tout de suite connu le succès.
Je profite de cette tribune pour faire part de mes soucis :
Le fonctionnement de ce Chœur se heurte à deux difficultés :
- le manque de temps pour travailler ce répertoire particulier : priorité à la chorale mixte.
- la participation des choristes aux concerts : quand Guy, notre Chef de Choeur, me propose de chanter à un concert, je ne peux que lui répondre, avec angoisse : « si j’ai suffisamment d’hommes ! ». Si dans la chorale mixte il manque 4 ou 5 ténors et autant de basses, c’est regrettable , mais ça passe. Si dans le chœur d’hommes ne se présente qu’un seul ténor I, rien ne va plus. Et c’est arrivé !
Je pensais qu’avec un effectif de près de 40 hommes le problème ne devrait plus se poser ! Et pourtant, le dimanche 29, il manquait singulièrement de basses devant la stèle des déportés. Merci aux landédasiens , landernéens et autres non lesneviens présents.
Pour tenter de résoudre le premier problème, j’envisage, l’année prochaine, à la demande d’ailleurs de quelques choristes, d’organiser une répétition supplémentaire par mois uniquement pour les hommes. Sinon nous sommes condamnés à chanter toujours la même chose.
La solution du deuxième problème est dans la prise de conscience de chacun d’appartenir à un groupe et d’avoir un contrat moral avec ce groupe qui ne peut pas fonctionner sans lui.
Denis Denniel